Invader depuis 1997...
Lorsqu'on parle du Street Art, on énumère inévitablement le graffiti, le collage, le muralisme, le pochoir et, finalement, la mosaïque. Toutes ces disciplines ont plusieurs représentants, sauf la dernière. Unique tenant de la mosaïque in situ, Invader est à lui seul une part importante de la définition du Street Art. Bien que personne ne sache qui il est, tout le monde a déjà vu son travail. Il est sûrement, avec Bansky, l'artiste urbain le plus connu au monde. Et si jamais son nom n'évoque rien au premier abord, l'idée d'une mosaïque collée dans la rue, "là-haut", reprenant les personnages du jeu vidéo Space Invaders, est tout de suite familière.
Mais l'artiste n'a pas commencé par la rue... En 1997, Invader réalise ses toutes premières mosaïques jouant sur la pixellisation de l'image. Ainsi, s'inspirant du cryptage de Canal+, notamment lors des premiers samedis du mois, ou en pixellisant grâce à l'outil informatique des photos existantes, Invader accompagné du peintre Jean-Marc Dallanegra, crée ses premières œuvres en collant des carreaux de céramique sur des plaques de bois. Non destinées à la rue, ces œuvres sont vendus aux puces de Vanves quand les visuels ne sont pas déclinés en t-shirts - ce qui ne manque pas d'avoir un certain charme lorsque l'on constate qu'avec plusieurs mètres de recul les images pixellisées - parfois assez suggestives - deviennent parfaitement lisibles.
1997 est donc une date clé pour Invader. Elle marque le début de sa carrière, mais pas le début de l'invasion. Une carrière d'abord imaginée autour d'une pixellisation qui, laissée un temps de côté au profit du projet d'invasion global, reprendra toute sa force quand l'artiste créera le Rubikcubisme en 2005.
Le terrien Invader entame son invasion en 1998. Le Musée du Louvre, la colline d'Hollywood, les murs de Paris, Montpellier (avec son comparse ZEVS), puis dans le désordre, Aix-en-Provence, Frankfort, Londres, Miami, Hong Kong, Rome, New York, Los Angeles, ou encore Vienne, les fonds marins de la baie de Cancún, l'Espace avec la Station Spatiale Internationale... Ce sont, vingt ans après, plus de 3400 mosaïques que l'on retrouve collées à travers le monde dans près de 70 villes... Toutes archivées par l'artiste, ces mosaïques sont pour certaines réunies dans des cartes et des guides d'invasion, publiés lorsque l'action d'Invader dans une ville est de grande ampleur. Ainsi, Paris, Londres, Miami, Los Angeles, Rome et Hong Kong ont chacune leur guide d'invasion. Et Paris peut être particulièrement fière d'être la seule ville à laquelle l'artiste a consacré deux livres. Aujourd'hui, plus de 1200 mosaïques sont réparties dans les vingt arrondissements de la capitale.
La Galerie LE FEUVRE a longtemps collaboré avec Invader. Elle a représenté l'artiste en France entre 2009 et 2015. En 2011, l'exposition 1000 est organisée pour célébrer la 1000ème mosaïque collée dans Paris. Se tenant à La Générale et à la galerie, l'exposition dévoile installations, photographies, Space Waffles, Speed Balls, panneaux de signalisation, Rubik's cubes, Alias... tout l'univers d'Invader devient accessible au public Français.
Mars 2016.
En exhumant, en plus de travaux plus récents, ces quatre œuvres datées de 1997, la galerie LE FEUVRE présente aux amateurs d'art, aux nombreux fans d'Invader et aux collectionneurs, les prémices d'une carrière déjà longue de vingt ans, et dont les murs témoignent aux quatre coins du monde.
Jonathan Roze
Texte publié en préface du catalogue "Invader : Masterpieces"
Galerie LE FEUVRE & ROZE (ex Galerie Le Feuvre), 2017