Franck Noto par Numa Hambursin, Directeur Général du MO.CO, Montpellier Contemporain.
À lire en intégralité dans le catalogue publié à l'occasion de l'exposition.
"À Montpellier, et dans le monde de l’art, on connait tous Franck Noto sous le pseudonyme de Zest. Pourquoi s’en est-il séparé il y a deux ans ? C’était une survivance, un peu folklorique, de l’époque graffiti, quand il ne peignait qu’à l’extérieur et flirtait avec la ligne rouge. Il y a une forme d’honnêteté, de common decency, à renoncer au masque rebelle d’un pseudo qui ne correspond plus à la réalité d’une pratique. Franck Noto est né en 1980. Ses parents étaient peintres du dimanche, comme il l’avoue sans mépris, ce qui témoigne d’une appétence artistique du cercle familial. On serait surpris du nombre d’artistes importants dont les parents avaient ce défaut magnifique, synonyme d’émerveillement enfantin devant la simple capacité de figurer le réel. Adolescent, Franck Noto réalise ses premières fresques à la bombe et au rouleau acrylique sur les murs du stade voisin. Contrairement à ce que l’intuition nous suggère, il ne souhaitait nullement défier l’autorité, seulement faire de la peinture dans un cadre adéquat. « Je peignais tout seul dans ce stade, sans déranger personne. Mon outil – c’était la bombe – me donnait envie d’inventer ». Intégrer le monde du graffiti à 14 ans, c’est aussi bâtir les fondements de sa vie sur les notions d’aventure et d’errance. S’il ne confesse aucune nostalgie pour les premiers pas du jeune Zest, Franck Noto évoque les voyages nombreux en quête de spots, la création de son collectif TDM avec des amis qui travaillaient sur les chantiers, les débuts d’internet qui permettaient les rencontres et la naissance de la communauté du graffiti. Il s’interrompt et esquisse une comparaison : « Quand tu es dans l’atelier, tu mets l’essentiel dans une œuvre, tu peux la détruire et la recommencer, plutôt que de remplir des murs. Avec un mur, tu dois combler des endroits, tout n’est pas pensé ». A trop l’écouter, je n’ai pas le réflexe de répondre. C’est aussi la contrainte qui oblige à inventer des solutions dans l’urgence, à tordre sa routine d’exécution et donc à créer parfois les meilleures œuvres, celles qui vous échappent."
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