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Après Graffiti Painter (2014), Thinking Hand (2016) et Cold Fever (2018), Don't sit on the furniture est la quatrième exposition personnelle d'Adrian Falkner à la galerie.
Exposition du 13 janvier au 5 février 2022. Vernissage le 13 janvier à partir de 18h, en présence de l'artiste.
Un catalogue est édité, texte de Nina Ferrer-Gleize.
La Ville écrit*
Adrian Falkner est devenu artiste en écrivant sur les murs, en mêlant sa voix à celle de la ville. Aujourd’hui, son geste artistique est différé ; il n’advient plus immédiatement au contact de la surface du mur ou du sol, mais dans un second temps et sur une autre surface — celle de la toile, dans l’atelier. À l’instar de Germaine Roussel ou de Brassaï**, Falkner prélève, isole et détache des morceaux de ce langage de la ville, les dessins et les signes que cela crée. Il les emporte avec lui pour nourrir plus tard son travail de peintre. En témoignent ses propres photographies, que l’artiste a décidé de faire figurer dans le catalogue. Ce sont des notes visuelles, fugitives, rapides, prises au détour d’une balade, d’un déplacement piéton entre deux rendez-vous, ou à l’occasion d’un plus long voyage, rythmé par les gares et les aéroports. Immenses buildings aux mille et une fenêtres, échafaudages, grillages, dalles de carrelage, murs en briques, marquages au sol, vestiges d’une habitation démolie, panneaux d’affichage… à travers les photographies d’Adrian Falkner, la ville se lit comme un grand palimpseste fait à la fois de l’ancien et du nouveau, du transitoire et du pérenne, de l’accidentel et de l’intentionnel. L’ensemble de ces images forme une sorte de lexique, un vocabulaire visuel dont les formes empruntent à l’écrit : lignes, grilles, tracés, lettres, maillages. (...)***
Dans ses tableaux, on reconnait comme des indices ses prises de notes visuelles, devenues motifs, grilles, empreintes. Son usage des outils du chantier, scotch de peintre, ponceuse, bâche, confère à l’ensemble de son travail une dimension processuelle ; comme une œuvre perpétuellement en cours, qui rappelle les villes modernes en mutation continuelle. Les matériaux de ses toiles sont les matériaux de la ville : peinture, papier, tissu, terre, plastique tissé… Pour l’artiste, peindre c’est parfois coudre, déchirer, scotcher, décoller, poncer.
Comme s’il avait la volonté de lutter contre la verticalité du monde urbain, qui sépare ceux des sommets et ceux des rues, Adrian Falkner travaille dans son atelier sans distinguer les murs et le sol, allant même jusqu’à accrocher au mur des bâches de protection, jonchées de taches de peinture et de traces de pas. Il occupe indifféremment les deux surfaces, et fait parfois les cent pas sur ses tableaux comme il arpente les rues de Bâle. La ville écrit, Adrian Falkner la traduit.
- NINA FERRER-GLEIZE
* (extrait du texte publié en préface du catalogue)
** et *** cf. texte intégral